Interview de Joël Dumoulin, Technology Transfer Officer à l’Idiap

Le 8 septembre 2021 a eu lieu l'Innovation Day de l'Idiap à Martigny. L'occasion de fêter les 30 ans du centre de recherche et d'interviewer son Technology Transfer Officer: Joël Dumoulin.

 

En quoi consiste ta fonction de Technology Transfer Officer à l’Idiap ?

Véritable interface entre les partenaires industriels et les chercheurs de l’Idiap, le bureau du transfert de technologie accompagne la recherche appliquée et assure un transfert des technologies (logiciels, algorithmes, savoirs et expertises) vers l’industrie.
J’apporte également un soutien administratif pour monter les projets, aborder les questions de propriété intellectuelle, etc., déchargeant de ces tâches nos chercheurs qui peuvent ainsi se concentrer sur les aspects de recherche.
 

À quels défis as-tu été confronté pendant ton travail ?

Au début, le défi était surtout de découvrir le métier de ‘’Technology Transfer Officer’’ (TTO). On n’apprend pas à l’école à être TTO, ce n’est pas un métier rigide, il est en constante évolution. Il y a tout de même des fondamentaux dans ce travail comme par exemple s’occuper du portfolio technologique et du processus de dépôt des brevets de l’Idiap. Mais le reste du travail c’est beaucoup d’humain et de contact avec les entreprises afin de construire des choses ensemble.
À l’heure actuelle, le défi est plutôt légal : par exemple, le cadre juridique n’est pour l’instant pas adapté en ce qui concerne l’utilisation des base de données disponibles sur internet pour entrainer des modèles d’intelligence artificielle. Souvent, pour un projet de recherche en collaboration avec une entreprise, on part du principe qu’on a assez de données, mais on se rend souvent compte qu’on doit refaire une collecte de données, pour des raison de quantité ou de qualité des données, mais également afin que ces dernières appartiennent à l’entreprise ce qui facilite ensuite leur utilisation sur le plan légal.

 

Par quel chemin passe l’idée d’un chercheur de l’Idiap pour arriver à un produit fini ?

À l’Idiap, on a de magnifiques projets qui ont été créés pendant un doctorat ou un post doc, mais ensuite il faut porter ces projets plus loin. Et cela repose sur la volonté entrepreneuriale des personnes qui ont eu cette idée. Il faut réussir à les booster. C’est pour cela qu’on met à disposition de notre personnel scientifique un écosystème (avec notamment notre incubateur IdeArk et l’aide de la fondation The Ark) qui peut les aider à trouver des solutions, qui peut les rassurer pour que leurs idées aillent jusqu’à la création d’une startup et à la mise sur le marché d’un produit.
Depuis 10 ans, on organise aussi l’International Create Challenge qui permet de passer de la phase d’idée à la création d’une startup. Les spin-off de l’Idiap Eyeware et Recapp sont passées par là. Un des plus gros succès de l’Idiap c’est KeyLemon qui a été fondée sur une idée d’un chercheur de l’Idiap qui s’est associé à un entrepreneur en devenir qui participait au programme business expérience de la HES-SO Valais/Wallis. La collaboration a très bien marché et c’est pour nous un modèle qu’il faut qu’on réussisse à répéter à l’avenir.
 

Peux-tu nous dire un mot sur le Master AI ?

Ce Master en IA intégré en entreprise a été mis en place en 2019. Il est né du constat que les startups et PME suisses rencontrent des difficultés à se lancer sur des projets en intelligence artificielle car elles ne savent pas par où commencer ou n’arrivent tout simplement pas à engager du personnel qualifié. C’est un outil pertinent pour les startups, les PME et même les grandes entreprises qui veulent internaliser les compétences en IA qui leur manquent. Associé à UniDistance Suisse, l’Idiap apporte son expertise pour la préparation des cours et surtout pour le suivi des projets pratiques en IA. L’idée c’est que le candidat - qui est engagé au sein de l’entreprise - travaille à 50% sur les cours théoriques à distance et à 50% sur un projet pratique défini par l’entreprise avec l’aide des experts de l’Idiap. L’entreprise obtient ainsi et à moindre coût une stratégie IA sur mesure, un projet complet qui répond à ses besoins, et surtout un employé formé qui sera son expert en IA.

 

Que peut-on souhaiter à l’Idiap pour la suite ?
Depuis 30 ans, l’Idiap fait de l’IA, mais pendant longtemps c’était un marché de niche. Maintenant, ça a changé : l’IA se trouve partout, dans des petites et des grandes entreprises. Le défi c’est de continuer à être innovant alors qu’on n’est plus dans un marché de niche, sans être contraint par la concurrence. Comme le dit le directeur de l’Idiap Hervé Bourlard : « Il n’y a pas d’intelligence dans l’IA. » mais c’est seulement grâce à l’intelligence des chercheurs et de leurs utilisateurs que les algorithmes sont utiles à la société.

 

 

À propos de l'Idiap
L'Institut est un des spécialistes mondiaux de l’intelligence artificielle et perceptuelle depuis 1991. Reconnaissance vocale et visuelle, machine learning, interactions homme-machine, robotique, analyse du langage ou encore bio-imagerie sont quelques-unes des spécialités de l'Institut. Basé à Martigny en Suisse, l’Idiap est impliqué dans des projets de recherche et de transfert de technologie tant au niveau local, national, qu'international. La Fondation à but non lucratif Idiap a été créée en 1991 par la Ville de Martigny, l’État du Valais, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), l’Université de Genève et Swisscom.

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